lundi 24 janvier 2011

Antoine C.Falardeau

Très Noir événement s'inspire de; L'écriture/ Écrivain Antoine C.Falardeau

Il collabore avec nous, il nous fait confiance. Il écrit d'une façon burlesque. Voici un extrait de son quatrième livre; '' Le quatrième Livre d'Antoine C.Falardeau'' En vente à la coopérative Zone au coût de 10 dollars.... Ne manquer pas l'entrevue à l'émission Lézart Studio, jeudi le 27 novembre au canal Vox

'' Elle demanda donc à son voisin de venir chez elle pour le souper.

Il habite là depuis toujours, et on dirait qu’il n’a jamais changé, ni psychologiquement ni physiquement. C’est son genre.

Voisin – Merci de m’inviter à souper.

Lucie – Mais cela fait un énorme plaisir.

Voisin – J’ai apporté un dessert, c’est une dame toute de noir vêtue que j’ai rencontrée à l’épicerie qui m’a donné la recette.

Lucie – Génial.

Lucie distribue les portions : un peu pour elle, un peu plus pour le voisin. Elle se demande s’il va aimer ça.

Voisin – Que faites‑vous, ici, tous les jours?

Il prend une petite bouchée, Lucie étudie son langage corporel, qui en dit long; il n’a pas l’air d’aimer ce qu’elle a préparé pour lui.

Lucie – Ah, je fais beaucoup de sport. Je cultive des légumes dans mes jardins. Je lis beaucoup aussi. Vous aimez?

Voisin – Oui, j’aime bien. En fait, c’est plutôt inusité comme plat. J’aime mettre un peu d’ethnie dans mon alimentation. Mais cela doit être long, je veux dire, une journée entière à faire seulement trois choses.

Il regarde autour de lui; il ne voit aucune bibliothèque, aucun livre. D’ailleurs, fait étrange, il n’y a que des miroirs, accrochés ça et là.

Elle le fixe, sourit, puis ne sourit plus. Elle est gênée. Elle ne sait pas quoi dire d’autre. Elle sait qu’il ment, qu’il n’aime pas son souper. Peu importe, elle n’aimera pas son dessert.

Lucie – Non, je m’occupe très bien, merci.

Il la regarde, lui sourit, regarde ses yeux bleus. Pourquoi elle se croise les bras? Pourquoi elle se ferme à la conversation?

Voisin – Si jamais vous voulez changer et venir me rendre visite, je serais très reconnaissant; je ne fais que quatre choses, moi.

Lucie – Oh! Cela doit être long parfois.

Voisin – Énormément. Merci beaucoup pour le souper, mais je suis fatigué. Je vais retourner chez nous. Je vous laisse le dessert.

Il lui touche la main, puis sort.

Lucie touche sa propre main, la regarde. Elle se demande comment un homme qui ne fait que quatre choses durant une journée peut être fatigué au point de quitter si vite. Elle essaie de revoir dans sa tête la main du voisin sur la sienne, quelle douceur.

Lucie sort le gâteau. Elle le fixe, le regarde, l’observe attentivement, de loin et de proche, étudie sa texture, sa couleur, son odeur.

Elle sourit, puis ne sourit plus. Elle le touche et elle sourit encore une fois. Elle le touche de son index droit, analyse le grain, farineux.

Elle en prend une petite bouchée, doucement, très doucement. Ses yeux se ferment, sa bouche salive, ses poils s’hérissent, sa langue s’exalte et sa vue s’embrouille.

Lucie se met à crier très fort : « Je suis tellement équilibrée; le Ying, le Yang. Mes « lucky bambous » sont beaux, je m’en occupe souvent, et surtout très bien. Je marche souvent dans le parc parce que le grand air me donne l’air jeune. Oui, c’est sûr que je gagne le concours. Je vais vivre tellement longtemps. Je rajeunis, je suis belle.»

Et tout devient clair : elle n’a pas quitté la grande ville pour mieux respirer, mais parce qu’elle n’était pas capable d’être proche de quelqu’un, de toucher un homme.

Elle était, certes, très belle, mais si froide à la fois. Elle était incapable de tout rapprochement, de toute sensualité, dénuée de charisme. Y’a‑t‑il quelque chose de plus immortel que les glaces éternelles? Lucie en était un, glacier, un bloc d’eau surcongelé. ''



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